Domaine Denis Mortet

Une famille à Gevrey-Chambertin depuis 1956

La viticulture Denis Mortet

UN ESPRIT

La viticulture

« La haute qualité des raisins,
c’est d’abord la haute qualité de notre viticulture. »

Arnaud, vous avez repris le domaine en 2006. Votre père avait déjà mis en place une viticulture pointue. Dans quel état d’esprit avez-vous continué ?

Grâce à mon père, je n’ai pas eu à tout repenser ni à me dire, comme beaucoup de jeunes vignerons, qu’il me faudrait des années pour commencer à obtenir les raisins que j’imaginais. Mon père n’utilisait plus aucun désherbant ni engrais chimiques depuis 1996. Il faisait des labours et broyait les sarments sur place pour en faire un amendement organique. J’avais un socle solide pour bien travailler dès le départ. Je l’ai affiné de plus en plus chaque année avec l’expérience, l’observation et aussi mes convictions propres.

À partir de ce socle, qu’avez-vous changé pour la conduite des vignes ?

Premièrement, on fait beaucoup moins de labours : on préserve ainsi la structure des sols et on libère moins d’azote ce qui donne des raisins moins gonflés. Pour moi, les petites baies sont plus intéressantes que les petites car elles offrent un bien meilleur rapport jus/matière.
Deuxièmement, on favorise un enherbement avec le mouron, une petite herbe qui pousse naturellement et en épaisseur sans s’attaquer au cep.
Troisièmement, on a beaucoup évolué question traitements phytosanitaires. Aujourd’hui, je peux dire qu’on travaille pour 50 % de manière biologique et pour 50 % de manière raisonnée, particulièrement en période de floraison mais avec des doses infinitésimales. Je vais prendre un seul exemple : on adapte les doses de traitements par rapport à la surface foliaire. Si j’ai une pression de maladie sur seulement 20 % de la surface foliaire, on utilise seulement 20 % de la dose homologuée. Vous n’imaginez pas ce que cela représente comme réduction de produit !
Il y a autre chose de très important pour moi, c’est le délai de retour à la vigne après un traitement. Il est systématiquement calculé pour que l’équipe puisse de nouveau travailler tranquillement après.
Enfin, il reste un geste primordial pour moi : le rognage à la cisaille. Pour cela, nous avons beaucoup investi dans du personnel en été. En 2017, nous avons pu rogner à la cisaille 12 des 16 hectares, c’est énorme !

Grappe de Raisin
Couché de soleil sur les vignes

Qu’est-ce que ce geste change ?

Les sols ne sont plus tassés par le tracteur, ils respirent. Quand on marche dans les vignes, pendant les vendanges, la terre se défait bien, c’est tout beau, on s’enfonce dedans. C’est du temps et de l’argent mais c’est aussi pour moi le prix de la grande qualité des raisins.

Votre vignoble compte beaucoup de vieilles vignes. Dans quel état se trouve-t-il aujourd’hui?

Chaque année, nous remplaçons entre 3000 et 4000 pieds, ce qui est très faible. En appui avec la Chambre d’agriculture, nous avons démarré il y a deux ans nos propres sélections massales dans une parcelle de Champeaux qui appartenait à mon grand-père.

Votre approche s’appuie sur vos convictions mais encore ?

Elle s’appuie aussi sur le collectif car je n’imagine pas avancer tout seul dans mon coin. J’appartiens à un groupe de jeunes vignerons de l’appellation Gevrey-Chambertin qui travaillent en partenariat étroit avec la Chambre d’agriculture. On est tous des passionnés et on est tous ouverts à de nouvelles méthodes qui vont toutes dans le même sens : le respect des sols et de son écosystème, donc de l’environnement. Je parlais plus haut de socle familial : mon père avait été l’un des premiers à lancer ce groupe de réflexion dans les années 1980.